À poings fermés - Amélie Antoine

L'avis d'Azalyaa

L’intrigue de ce roman repose sur un mélange entre réalité et cauchemar. C’est l’histoire de Gaspard, jeune adolescent confronté à une séparation parentale douloureuse. Le déclencheur de l’intrigue – son altercation avec le vieux balayeur – est habilement simple mais porteur de mystère. Les nuits cauchemardesques qui s’ensuivent ajoutent une tension croissante, tout en maintenant un suspense qui pousse le lecteur à vouloir comprendre ce que ce vieil homme représente réellement. Cette tension rappelle l’influence de Le Horla de Maupassant, où la frontière entre le réel et le surnaturel est floue, laissant planer un doute oppressant. Comme dans la nouvelle classique, l’histoire plonge dans l’esprit du personnage principal pour explorer les méandres de ses peurs et obsessions.

Gaspard est un personnage crédible et touchant. Ses émotions sont dépeintes avec justesse : la solitude, la colère, et le sentiment d’abandon se mêlent pour créer une figure dans laquelle beaucoup d’adolescents pourraient se reconnaître. Les parents, bien qu’un peu stéréotypés (la mère accaparée par le travail, le père indifférent), servent à souligner l’isolement de Gaspard. Le vieux balayeur, quant à lui, est une figure ambivalente, à mi-chemin entre une menace réelle et une métaphore des peurs et des culpabilités de Gaspard. Ce personnage énigmatique, à l’instar du Horla de Maupassant, semble exister autant dans l’imaginaire que dans le monde tangible, renforçant l’ambiguïté qui hante l’histoire.

Le roman explore avec sensibilité des thèmes profonds comme la séparation familiale, la culpabilité, et les peurs irrationnelles qui peuvent envahir l’esprit d’un adolescent. Les cauchemars de Gaspard symbolisent habilement son combat intérieur, illustrant comment les conflits non résolus – qu’ils soient familiaux ou personnels – peuvent se manifester dans notre subconscient. On perçoit aussi un parallèle avec Le Horla, dans l’exploration de la psyché humaine et de la lutte entre la raison et l’inconnu. Le thème du pardon, qu’il soit envers les autres ou envers soi-même, semble central et donne au roman une dimension universelle. En filigrane, on peut également percevoir une réflexion sur les relations intergénérationnelles et la manière dont les jeunes et les anciens se perçoivent.

L’écriture est accessible et fluide, parfaitement adaptée à un public adolescent. Les descriptions des cauchemars sont particulièrement réussies : elles sont immersives et oppressantes, ce qui donne vie à l’angoisse de Gaspard. On sent une inspiration dans la façon dont l’auteur joue avec l’ambiguïté et les perceptions de la réalité, une technique qui rappelle le style de Maupassant dans Le Horla. Cependant, certains dialogues manquent un peu de naturel, ce qui peut légèrement rompre l’immersion. Ce style simple mais évocateur fait du roman une lecture rapide et prenante.

Résumé éditeur

Avant, Gaspard était heureux à Paris avec ses parents. Depuis qu'ils se sont séparés, il vit seul à Brest avec sa mère qui croule sous le travail, tandis que son père refait sa vie dans leur ancien appartement. Un jour, pour impressionner une fille, Gaspard désobéit au vieil homme qui balaie la cour de son nouveau collège. Ce balayeur se met alors à hanter toutes ses nuits, qui se transforment en cauchemars. Gaspard est-il victime d'une malédiction ?

Caractéristiques

Titre : À poings fermés

Autrice : Amélie Antoine

Éditeur : Syros

La note d'Azalyaa

Date de parution : 06/04/2023

Nombre de pages : 304

Public visé : À partir de 12 ans/5ème

EAN : ‎ 9782748537093

La note de Musas